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La France cultive l’ambiguïté sur les frappes en profondeur en Russie

Aucune prise de position officielle et une grande discrétion de la part de l’Elysée et des ministres démissionnaires. Tandis que le Royaume-Uni est en pointe pour tenter de convaincre les Etats-Unis d’autoriser l’Ukraine à frapper des sites militaires situés en Russie, la France cultive l’ambiguïté sur la question. Vendredi 13 septembre, alors que Joe Biden refusait d’accéder à cette demande, les autorités françaises, très en retrait dans cette discussion sur fond de turbulences politiques à Paris, se sont gardées de faire le moindre commentaire.
A ce jour, on s’en tient côté français aux déclarations faites par Emmanuel Macron à Meseberg, près de Berlin, le 28 mai, au côté du chancelier allemand Olaf Scholz, qui s’oppose toujours pour sa part à livrer les missiles de longue portée Taurus. « On pense qu’on doit leur permettre de neutraliser les sites militaires d’où sont tirés les missiles et au fond, les sites militaires depuis lesquels l’Ukraine est agressée, mais on ne doit pas permettre de toucher d’autres cibles en Russie, évidemment des capacités civiles ou d’autres cibles militaires », avait dit le président français, ce jour-là, à l’issue d’une visite d’Etat en Allemagne. La Russie avait alors commencé à bombarder la région de Kharkiv depuis son territoire. « Nous ne sommes pas escalatoires en faisant cela, puisque c’est la Russie qui s’organise de cette façon », avait précisé le chef de l’Etat, sans fixer, de fait, de limite géographique aux éventuelles frappes dans la profondeur menées avec des armements français.
Nul doute que le sujet a été abordé lors du dernier coup de fil entre Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron, jeudi 5 septembre, même si l’Elysée n’entend pas le confirmer. Le secrétaire du Conseil de sécurité et de défense ukrainien, Oleksandr Lytvynenko, était à Paris le lendemain, entre autres pour aborder le sujet avec ses homologues français.
Le souci est cependant d’éviter une nouvelle escalade avec Moscou, qui multiplie les menaces. Une telle décision « signifierait que les pays de l’OTAN, les Etats-Unis et les pays européens sont en guerre avec la Russie », a fait valoir Vladimir Poutine, jeudi. « Il faut tout faire pour éviter une troisième guerre mondiale, dit une source diplomatique française. Vous ne pouvez pas juste écarter l’hypothèse que les Russes étendent le domaine de la guerre. »
Les Ukrainiens comptent sur ces missiles longue portée pour désorganiser la logistique russe à l’arrière du front. C’est ce qu’ils avaient fait au cours de l’été 2022 en déployant les premiers lance-roquettes américains Himars, dont la portée leur avait permis d’atteindre la base arrière des Russes. « Les centres logistiques, les sites de maintenance et les troupes étaient alors positionnés à 50 kilomètres à l’arrière. Aujourd’hui, l’idée est la même, mais l’objectif est d’aller plus loin », souligne Vincent Tourret, doctorant à l’université du Québec à Montréal et chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique. Pour y parvenir, les Ukrainiens cherchent à complexifier leurs frappes, en associant différents types d’armes : missiles balistiques, missiles de croisière, et drones.
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